François-Xavier BOUCHART, décédé aujourd'hui, a réalisé un travail photographique sur Belleville dans les années 1970, alors que ses parents viennent s'installer dans ce quartier qui est à cette époque en pleine restructuration. Son travail propose un regard personnel sur ce quartier populaire qui avait été photographié par Robert Doisneau ou Willy Ronis alors qu'il était encore intacte. François-Xavier BOUCHART voulait photographier les mêmes lieux en phase de mutation urbaine, économique et sociale. Poursuivre cet inventaire que menait également Georges Perec pour son documentaire En remontant la rue Vilin, marquer sur la gélatine les restes de ce Paris populaire qui disparaissait.
Il a ainsi participé à plusieurs évènements liés à Belleville . Ces photographies sur Belleville ont été projetées lors de l'exposition Design français en 1972 au Musée des Arts décoratifs à Paris. Livre collectif Belleville-Belleville, aux Editions Créaphis, consacre un chapitre à François-Xavier BOUCHART, et ses photos illustrent des interviews d'autres habitants. L'ouvrage lui est dédié. Ces photographies sont exposées à la Maison de la Villette dans le cadre de l'exposition du même nom réalisée par Françoise Morier.
Il est un des seuls (avec Henri GUERARD) à avoir pris des photographies du vieux quartier de Belleville jusqu'à la Place des Fêtes pendant cette période, et en particulier certaines rues et passages aujourd'hui disparus : le passage des Faucheux, le passage Kuzner, la rue Vincent. Ces photographies montrent des façades d'habitations, des anciens commerces, des enfants du quartier, des terrains vagues après la destruction d'immeubles... Certains des lieux montrés ont aujourd'hui complètement disparu, laissant place à de grands ensembles, surtout dans la partie du 19ème de la rue de Belleville. La destruction, avec notamment les bulldozers et les places éventrées, ont aussi retenu l'attention du photographe. Les droits sur ces photos appartiennent à sa femme, Nadine BEAUTHEAC-BOUCHART, qui a accepté de participer à ce projet.
Ce qui intéresse alors Francois-Xavier BOUCHART, c'est ce paysage de maisons éventrées par les démolisseurs, des rues à moitié démolies, des commerces ou ateliers d'artisans murés ou en activité pour peu de temps, recherchant les traces sur les murs encore debout des familles qui y avaient vécu : des photos encore agrafées, les dessins d'enfants, les papiers peints arrachés, les crépis et les pierres effritées, les objets et valisés abandonnés dans la précipitation des départs, les enseignes des commerces, etc. Pour lui, il y a alors urgence et nécessité à traduire cette rupture des années 1970 quand il en est encore temps. Mais aussi de montrer la vie quotidienne des populations qui vivaient sur place malgré les destructions, préservant leurs habitudes ou les enfants jouant dans les nouveaux terrains vagues. Ces excursions dans la rue de Belleville, la rue Rébeval, la rue Vilin en passant par la rue des Couronnes et toutes ces impasses et ruelles qui forment un noyau urbain dense constituent ses promenades photographiques personnelles. Ces restes des maisons, des petits immeubles ou hôtels meublés, des boutiques et des ateliers témoignent du basculement d'un des derniers villages dans Paris.
Il est sensible aux paysages architecturaux et sociaux qu'il va photographier sous forme de panoramiques noirs et blancs contrairement à ses clichés en couleur qui chacun semble raconter une histoire différente. Les effets de lumière quand le soleil affleure les différentes matières qui composent ces rues de Belleville détruites deviennent des objets esthétiques et d'émotions. Les superpositions des différentes strates du quartier sont également des superpositions de mémoires des gens qui y habitent encore ou qui sont déjà partis. C'est en cela que ce témoignage des transformations à l'oeuvre est unique pour comprendre comment un quartier populaire et multiculturel subit des démolitions dans sa chair, son identité et son ambiance. |
Le travail photographique de Francois-Xavier BOUCHART interroge par l'image les mutations complexes que provoque l'action des bulldozers sur un territoire marqué par une forte identité populaire. On sait que les populations délogées par cette restructuration urbaine sont parties s'installer pour la plupart dans les quartiers périphériques de la banlieue qui leur proposaient des logements sociaux et qu'elles en emportent dans leurs bagages non seulement leurs effets personnels, mais aussi leurs souvenirs et leurs points de repérage sociaux qu'ils voulaient conserver de leur ancien quartier. Le lien avec Belleville ne s'est pas pourtant coupé et beaucoup d'entre eux ont continué régulièrement à revenir à Belleville le week-end pour retrouver des ambiances et des amis dans un espace de référence commun. Les artisans ont souvent fermé leurs ateliers définitivement, alors que de nombreuses petites entreprises se sont re-localisées dans les zones d'activité disponibles de la banlieue.
La rénovation de Belleville, plus de vingt ans avant celles qui vont toucher les quartiers au-delà du boulevard périphérique, constitue une des plus importantes dynamiques de transfert social et économique entre un quartier parisien et les quartiers de la banlieue en Ile-de-France. Notre projet veut mettre ce processus en lumière pour montrer pourquoi le basculement urbain de Belleville contribue à tisser une interaction forte sur un vaste territoire qui englobe l'est parisien intra et extra muros. Il annonce le grand Paris par les relations démographiques, sociales et culturelles qu'il a provoquées entre des quartiers qui se sont davantage interconnectés à travers ses mouvements de populations et d'activités.
A partir de l'expérience de Belleville, on peut mener un questionnement sensible qui concerne également les autres processus de rénovation urbaine en cours sur d'autres quartiers de la région Ile-de-France. Comment sont vécues par les habitants les destructions d'immeubles prévues par les opérations de rénovation ? Quelles formes d'expression culturelle ou artistique émergent pendant les travaux de rénovation pour marquer les transformations à l'oeuvre, notamment à partir d'initiatives associatives soucieuses de capter et de préserver les mémoires des lieux et des habitants ? Pourquoi ces productions représentent des traces importantes de l'appropriation par les habitants des changements urbains auxquels ils doivent faire face ? Quelles sont les mutations sociales et culturelles qui s'opèrent par le déménagement ou la réinstallation des populations ? Comment ces dernières réinvestissent-elles les lieux de résidence nouveaux qui leur sont proposés ? Comment le tissu commercial, le monde de la boutique et de la restauration, se trouve modifié par la rénovation urbaine ? Qu'observe-t-on également du point de vue des mutations du secteur industriel local et des activités économiques diverses ? C'est la vie d'un quartier avec ses modes de sociabilité et ses points de référence particuliers qui disparaît et qui se recompose lors de la rénovation urbaine.
Le projet consiste à produire une exposition référentielle autour du travail photographique de Francois-Xavier BOUCHART. Cette exposition d'une petite centaine de photographies sera conçue pour une possible itinérance dans divers sites de Belleville qui choisiront de l'accueillir. Elle pourra servir de repère thématique et surtout une occasion de questionnement sur les processus de restructuration urbaine qui affectent ces territoires tout en les mettant en relation.
Le projet démarrera avec une l'inauguration de l'exposition de BOUCHART au Centre d'Accueil Thérapeutique à Temps Partiel (CATTP) « Le Bouffadou » de l'Etablissement Public de Santé Maison Blanche pour le cadre des journées du Patrimoine prévues Samedi 17 septembre 2011 de 09 heures 00 à 17 heures 00 (sans interruption) et le Dimanche 18 septembre 2011 de 09 heures 00 à 17 heures 00 (sans interruption). A cette occasion, le CATTP présentera ses activités auprès des patients.
Les prochaines dates sont les suivantes :
- Samedi 24 septembre 2011 de 10 heures à 12 heures 00 et de 14 heures 00 à 18 heures 00
- Dimanche 25 septembre 2011 de 10 heures à 12 heures 00 et de 14 heures 00 à 18 heures 00
- Samedi 1er octobre 2011 de 10 heures à 12 heures 00 et de 14 heures 00 à 18 heures 00
- Dimanche 02 octobre 2011 de 10 heures à 12 heures 00 et de 14 heures 00 à 18 heures 00
- Samedi 8 octobre 2011 de 10 heures à 12 heures 00 et de 14 heures 00 à 18 heures 00
- Dimanche 9 octobre 2011 de 10 heures à 12 heures 00 et de 14 heures 00 à 18 heures 00
- Samedi 15 octobre 2011 de 10 heures à 12 heures 00 et de 14 heures 00 à 18 heures 00
- Dimanche 16 octobre 2011 de 10 heures à 12 heures 00 et de 14 heures 00 à 18 heures 00
Ces photos ont présentées lors de l'inauguration du nouveau site d'hospitalisation de l'Etablissement Public de Santé (EPS) Maison Blanche situé au 11/14 rue de Belleville à Paris (75019) en avril 2011.
Son itinérance se déroulera selon les plannings des partenaires sur plusieurs mois du second semestre 2010 et se prolongera en 2012.
Pour Belleville :
- Inscription de l'exposition dans le programme des 150 ans du rattachement de Belleville à Paris.
- Exposition des photographies de Francois-Xavier BOUCHART accueillie par l'Etablissement Public de Santé (EPS) Maison Blanche, en avril 2011, lors de l'inauguration du nouveau site d'hospitalisation dans le 19ème arrondissement qui en co-produit la réalisation
- Exposition des photographies de Francois-Xavier BOUCHART sera accueillie par le Centre d'Accueil Thérapeutique à Temps Partiel (CATTP) de l'Etablissement Public de Santé (EPS) Maison Blanche – 97 rue des Vignoles – 75020 Paris du 17/09/11 au 16/10/11
Contacts
- Mr Mamoud BENAHMED : 06 60 69 96 92
- Mme Marie POINSOT : 06 84 16 72 60 (association Trajectoires)
Association Trajectoires
6 rue de l'ermitage 75020 PARIS
N° SIRET : 433347390 00018 |